REMONTÉE DE L'ARC ANTILLAIS

Martinique, la Désirade, Antigua, St.Kitts, St.Barth'  et St.Martin

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L'arc Antillais

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MARTINIQUE

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Mercredi 10 Avril 2002 : Fort de France

C'est vraiment cool d'être mouillés au sein de la capitale, devant le front de mer.  Nous avons tout à portée de main : supermarchés, marchés, papéterie, petites boutiques, bars...

Nous louons une voiture une journée pour faire un tour dans la partie nord de l'île. Nous longeons la route de la côte sous le vent en direction de St Pierre à une trentaine de kilomètres au nord de Fort de France.

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La Martinique

Cette fois-ci, la montagne Pelée nous apparaît entièrement découverte. La chose est suffisamment rare pour nous faire arrêter précipitamment le long de la route afin de faire une photo. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à avoir la même idée !

Puis nous poursuivons jusqu'à une plage de sable noir près du village du Prêcheur. C'est la dernière plage accessible en voiture avant l'extrémité nord. De là, on a une vue imprenable sur la Dominique.

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La montagne Pelée dégagée

Ronan va faire du body-surf dans les rouleaux. Moi je trempe juste les pieds car le courant est fort et les déferlantes un peu trop grosses à mon goût.

L'endroit est bien aménagé pour le pique-nique : table, bancs et sanitaires. Nous restons pour y déjeuner un poulet boucané (c'est à dire fumé), une des nombreuses spécialités des Antilles.

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Plage du Prêcheur

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Vue sur la Dominique

De là, nous traversons l'île en direction de la côte au vent. La route passe à travers une forêt tropicale très dense au milieu de laquelle émerge parfois les fameuses fleurs...?

" Mince, c'est quoi déjà leur nom ?...Impossible de m'en souvenir. Bon ben regardez la photo, je suis sûre que vous la connaissez "

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???

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Arbre du voyageur

Lorsque l'on sillonne l'île, il est impossible de faire l'impasse sur les rhumeries. Il y en a partout ! Le choix est difficile. Nous, nous optons pour celle près de laquelle nous nous trouvons à l'heure de l'apéro : La rhumerie DEPAZ. Le hasard a bien fait les choses puisque le décor est magnifique et le rhum gouleyant. lapaz1.jpg (17866 octets)

La maison du propriétaire, au pied de la montagne Pelée avec vue sur la mer. Ma foi...

Nous recommandons chaudement cette visite (gratuite). On suit un petit circuit avec un dépliant expliquant les différentes étapes de la fabrication du rhum. Les installations sont dans un état de propreté et même de rutilance digne de figurer dans un spot pour produits ménagers.
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L'alambique

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Tonneaux remplis de rhum

Mis à part la culture de la canne à sucre pour la fabrication du rhum, la Martinique est grande productrice de bananes. Le hic, c'est qu'elles partent toutes à l'exportation et qu'ici on en trouve difficilement et en plus à des prix supérieurs à la métropole. C'est ubuesque !

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Bananiers

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Champs de bananes

Jeudi 11 Avril 2002

Fort de France - Pointe du Bout - grande anse d'Arlet

Distance : 8MN

Le mouillage dans le port de Fort-de-France a beau être pratique d'un point de vue accessibilité aux commerces, il nous manque quand même la baignade, la pêche et un beau décor. Rappelons que nous sommes en plein centre ville, ce qui veut dire immeubles et bruits de circulation.

"Dit donc, Captain, si on allait voir de l'autre côté de la baie, à la Pointe du Bout"

La traversée de la baie est une pure formalité. Par contre, mouiller est une autre paire de manches car il y a foule et houle. On tourne, on vire, on zigzague parmi une cinquantaine de bateaux. Ah, les mouillages déserts du Vénez'... !!! Sniff, Sniff.

- Ici , qu'est-ce que tu en penses ?
- Nan , nan, on n'est pas du tout abrité de la houle.
- Et là-bas, derrière le bateau jaune ?
- Je crois pas qu'il y ait suffisamment de place pour l'évitage...
- Et entre les deux bateaux de l'autre côté
- Mouais, on peux aller voir...
- ...
- Bon, allez, on mouille là, on verra bien si c'est tenable.

2 heures plus tard, c'est définitivement intenable... Alors que l'on s'apprête à partir car cela roule vraiment trop, on aperçoit le ketch la "Marie-Jeanne II" qui arrive. Quelle bonne surprise de revoir Jean et Marie-Jeanne que nous avions quitté en octobre aux Aves au Vénez !

- Qu'est ce que vous faites, vous partez ?
- Oui, c'est vraiment trop rouleur. On va aux anses d'Arlet.
- OK, on vous y rejoint demain, vous viendrez déjeuner à bord.
- Super, A demain.

On met deux petites heures pour rejoindre la grande Anse d'Arlet en longeant une côte relativement aride.

Le nombre de voiliers au mouillage prouve que cette anse est très prisée des navigateurs. Didier et Corinne de Mata Hiva nous l'ont d'ailleurs chaudement recommandé. Il parait qu'il y a du poisson...

En tout cas, les eaux sont claires, la houle n'entre pas et le décor est sympa. On devrait s'y plaire. D'ailleurs, Ronan déclare vouloir y passer plusieurs jours car après, à la marina du Marin, question pêche et baignade, tintin !!

 

Le déjeuner que l'on fait à bord de la Marie-Jeanne restera mémorable. Arrivés à midi, nous sortons de table vers 17h après un repas gargantuesque pris sur leur vaste cockpit arrière. Apéro fleuve avec pizza maison en guise d'acouski, entrée, ragoût de thon fraîchement pêché, salade, fromage, glace (Existe-t-il un autre voilier où l'on a de la glace au dessert ?), digeo', cigare, le tout bien arrosé enfin surtout pour Ronan, ma grossesse excluant les alcools.

BLURPS, le ventre de Ronan rattrape le mien en terme de taille !!

" un petit alkasetzer pour digérer s'il vous plait"

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Grande Anse d'Arlet

Le mouillage tient toutes ses promesses de poisson. Malheureusement, après 4 jours, nous devons nous résoudre à rejoindre le Marin. Ne perdons pas de vue notre objectif : la vente de Madeo.

Pour l'instant, malgré les annonces que nous avons posé dans toutes les îles, nous n'avons pas eu un seul appel. Cela commence à être inquiétant (même si vendre notre copain Madeo est un fichu crève-coeur). Si la vente ne marche pas, nous passerons au plan B qui consiste à mettre Madeo sur un bateau-barge ralliant Toulon depuis le Marin avec un départ le 29 Avril. On espère qu'en se présentant au dernier moment, nous pourrons négocier un tarif avantageux - dans la mesure où il reste encore de la place, OF COURSE !

Lundi 15 Avril 2002

Grande Anse d'Arlet - Pointe du Diamant

distance : 3MN

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Petite anse d'Arlet

Cap sur la pointe du Diamant, l'extrémité sud-ouest de la Martinique. Tant que l'on longe la côte sous le vent, nous avançons au travers toutes voiles dehors. Mais en embouquant la pointe du Diamant, on se retrouve avec un cap Est face à un alizé d'Est relativement fort. La marina du marin est 15MN devant.
- La remontée va être galère avec ce vent.
- Tu m'étonnes !
- On n'a qu'à s'arrêter et attendre demain, peut-être que le vent sera moins fort.
- Ouais, t'as raison, allez hop, demi-tour. Allons passer le nuit à l'abri derrière la pointe Diamant.

C'est sans doute le plus grand plaisir du voyage en bateau : se dire que l'on fait demi-tour et qu'on essayera de passer demain... Le mouillage de la pointe Diamant est superbe, très calme et nourricier.

Mardi 16 Avril 2002

Pointe du Diamant - Le Marin

distance : 15MN

Ce matin, l'alizé s'est un chouilla calmé mais la progression vers la marina du Marin est pénible, 3 heures de moteur pour remonter le vent avec l'étrave qui s'accroche dans les vagues. Heureusement que  la baie du Marin est grande, on arrive vite sous sa protection, la mer se calme alors.

Nous sommes très déçus par le Marin. C'est une immense marina sans ambiance et sans service de base : ni supermarché, ni boulangerie, laverie excentrée. Par contre, pour bricoler, c'est l'endroit idéal : ship', mécanique, voilerie, carénage, tout y est possible.

Notre seul réconfort, ce sont nos retrouvailles avec l'équipage de la Grande Ourse (le premier voilier rencontré après le départ de Bretagne, à La Corogne en Espagne). Ils travaillent pour un loueur de catamaran ce qui nous vaudra l'occasion de dîner à bord de l'un d'eux. La place disponible à bord nous laissera rêveur.

Nous continuons à passer des annonces mais sans grand espoir. Aussi, nous contactons la société du bateau-barge. La négociation est difficile bien qu'il reste de la place. Au final, leur tarif reste bien trop élevé pour nous. Ils ne veulent pas descendre en dessous de 40000 FF. Nous laissons tomber et les traitons intérieurement de sales c... Ils préfèrent partir presque à vide plutôt que de prendre Madeo. Ils auraient pu faire un geste. Tu parles, quedal. On est super-dégoutés.

A postériori, je rajoute que cette société a convoyé en décembre 2002 des voiliers remplis de schnouf et qu'ils se sont fait coincer à l'arrivée en France, bien fait pour eux !!!

Notre plan B tombe donc à l'eau. Il reste le plan C : faire convoyer Madeo par Philippe, l'ancien proprio de Madeo qui habite sur son nouveau bateau à Saint Martin. Nous l'appelons pour savoir s'il est toujours d'accord.

Parallèlement à ces tractations, je fais ma visite mensuelle de contrôle de grossesse. Tout est OK. Le petit mousse grandit normalement et ne me pose aucun problème. C'est déjà ça !

En attendant les résultats de mes analyses, nous allons passer quelques jours à St Anne.

Mercredi 24 Avril 2002

Le Marin - St Anne

Distance : 3MN

Les 3MN à parcourir sont une pure formalité si ce n'est qu'il faut rester vigilant car il y a des bancs de sable à contourner. En sortant du port, nous croisons le bateau-barge. Vade retro, sac-à-fric. Pas de regret car nous savons  que Philippe est toujours partant pour ramener Madeo en France. Nous, nous prendrons l'avion. Ronan a bien réfléchi pour ramener Madeo mais je suis à 7 mois de grossesse et si on rajoute un mois de traversée retour, il y a une probabilité de rater l'accouchement. Alors... barge.jpg (9673 octets)

Le bateau-barge

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Corvée de grattage-récurage de l'annexe

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Coucher de soleil derrière la pointe du Diamant

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Le marché de St Anne

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L'église de st Anne

Sympa le mouillage à Saint-Anne. Ce petit blèd a une âme même si un afflux massif de touristes commence à grignoter son authenticité. Côté cambuse, Ronan, après pas mal d'heures de vadrouille, déniche un spot à langoustes. Il en chope une douzaine et c'est parti pour des barbec' d'anthologie !

Le temps passe et il nous reste encore à remonter sur St Martin à 250MN d'ici. Nous avons déjà réservé notre billet d'avion St.Martin-Paris pour le dimanche 26 Mai. Aussi il est temps de lever l'ancre et d'attaquer la remontée de l'arc antillais.

On pourrait faire le chemin d'une traite ce qui nous prendrait 4 jours mais à 6 mois de grossesse on va rester cools, d'autant plus qu'on a envie de profiter de nos dernières semaines de mer.

Nous choisissons donc de remonter doucement en longeant les côtes au vent des Antilles. Cette option doit nous éviter les déventes des îles. De plus, elle nous offre un cap tirant vers le portant plutôt que le prés, du moins on l'espère ! Et enfin, cela nous permet de passer par des îles que l'on n'a pas encore visité. Notre parcours de retour navigue donc par la côte Est de la Martinique, la Désirade, Antigua, Barbuda, St Barth' et enfin St Martin.

Mercredi 1er Mai 2002

Le Marin - Le Vauclin (Martinique)

Distance : 22MN

C'est parti pour la remontée de l'arc antillais vers St.Martin via, pour commencer, la côte Est de la Martinique, la côte au vent. Au grand largue, nous sortons de la grande baie du Marin, louvoyant entre les bouées signalant les hauts-fonds. Bientôt, nous doublons St. Anne et l'anse Caritan où nous avons passé 5 jours géniaux. Direction le Vauclin sur le côte au vent.

Pour passer la pointe sud de la Martinique (l'îlet Cabrit), nous nous appuyons du moteur. Rappelons que Madeo est un excellent voilier sauf que tirer des bords est un exercice qui n'a pas été prévu dans son cahier des charges... Par chance, le courant semble pour nous ! Une fois doublé la pointe, le vent d'ESE, bien établit à 15nds, nous contraint à naviguer au prés. Cette côte au vent est très sauvage. La houle de l'Atlantique déferle violemment sur les roches. Mais, fait exceptionnel dans l'arc antillais, La Martinique possède une côte au vent avec une barrière de corail. Ceci offre une infinité de mouillages sous sa protection. En plus, à cause de la violence des brisants et d'une navigation délicate, les mouillages sont déserts ce qui, à nos yeux, représente le top de la vie de bateau.

A midi, après 4 petites heures de nav', nous embouquons la passe qui mène au Vauclin.

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Escales sur la côte au vent de la Martinique

Le vent a bien mollit et la mer, à l'abri des brisants, est calme. Aussi nous mouillons près des cailles afin d'y déjeuner et d'y faire trempette. En ce qui me concerne, je me garde bien de me mettre à l'eau car il y a énormément de courant. Ronan, malgré son bon coup de palmes, a du mal à avancer et revient vite à bord.

Nous repartons vers le Vauclin à 3MN de là. L'endroit n'est vraiment pas génial. Le port est si petit que nous ne pouvons pas y entrer. Comme il est trop tard pour aller ailleurs, nous mouillons à l'entrée du port pour y passer la nuit. Demain nous irons un peu plus loin.

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Jeudi 2 Mai 2002

Le Vauclin - Anse Grenade (Martinique)

Distance : 5MN

Après étude de la carte, nous optons pour l'Anse Grenade à 5MN de là.

Nous mouillons juste derrière la barrière de corail. Elle nous abrite bien de la mer, par contre rien ne nous protège du vent qui souffle fort : 20-25nds. Le vent siffle dans le mât et les haubans ce qui, à la longue, me gêne pas mal. Mais comme Ronan fait de très belles chasses (poissons, langoustes, crabes, lambis) vu qu'il n'y a personne pour un territoire immense, je prends mon mal en patience.

Samedi 4 Mai 2002

Anse Grenade - Le Robert (Martinique)

Distance : 8MN

Le vent devenant vraiment gênant, nous partons pour un mouillage plus protégé. A l'entrée de la baie du Robert (pas vraiment un nom très exotique...), nous mouillons derrière un îlot qui nous abrite bien de l'alizé. L'endroit est quasiment paradisiaque : eau chaude et calme, verdure, isolement, cui-cui des petits oiseaux. La seule ombre est que le fond est rocheux et donc la chaîne racle en faisant un bruit très désagréable, surtout la nuit !!
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La côte au vent

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Madeo dans la baie du Robert

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La baie du Robert

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LA DESIRADE

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Lundi 6 Mai 2002

Le Robert (Martinique) - La Désirade

Distance : 92MN

Tic-tac, tic-tac...Le temps avance inexorablement. Il faut continuer car il ne nous reste que 3 semaines pour arriver à St Martin et préparer le bateau pour Philippe. Nous repartons donc en direction de la Désirade. C'est une belle nav' qui nous attend. Ente 15 et 20 heures de mer.

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Nous levons l'ancre en début d'après-midi afin d'être certain d'arriver le lendemain dans la matinée. (Avec un départ le matin, on prenait le risque d'arriver de nuit).

Le départ se fait sur les chapeaux de roues. Toutes voiles dehors sous une allure de bon plein et grâce à un pire courant (comme on aimerait en avoir plus souvent !), nous doublons la pointe de la Caravelle - presqu'île avançant perpendiculairement  à la côte Est de la Martinique et se trouvant à mi-chemin entre les pointes Nord et Sud - à la vitesse de 7-8nds.

Vers 17h, une ligne de grains annonce la fin de cette navigation jusque-là sympathique. Heureusement, nous sommes bien rodés aux manœuvres dans ces conditions. On enroule le génois avant l'arrivée des rafales précédent toujours le grain et la pluie. La grand-voile est bordée à fond et la barre attachée sous le vent, on prend la cape. Pendant qu'il pleut, le vent tombe et nous on attend à l'intérieur de Madeo. La vitesse chute drastiquement et on est balancé de bâbord sur tribord. 2 heures plus tard, le ciel s'éclaircit enfin, nous permettant de renvoyer le génois et de repartir. desirade.jpg (26756 octets)

La Désirade

Malgré mes 6 mois de grossesse, j'assume mes quarts toutes les 2 heures sous un ciel ayant retrouvé toute sa limpidité.

Vers 4h30, les toutes premières lueurs du jour nous permettent de distinguer les contours de la Désirade. Cela fait toujours autant plaisir de voir la terre après une nuit en mer. Notre joie d'arriver est vite calmée par un énorme grain qui noie toute visibilité à une dizaine de milles de l'arrivée. Après son passage, bizarrement, le vent forcit, 25-30nds. Malgré jurons et indignation, entre fatigue et impatience d'en finir, nous prenons 1 ris dans la grand-voile et un mouchoir en guise de génois. Ronan est à la barre pour faire l'atterrissage qui s'annonce stressant. La mer est très agitée, il y a des déferlantes de chaque coté de la petite passe conduisant au port. En plus, cet étroit chenal ne fait qu'1m50 de profondeur d'après notre guide. Madeo ayant 90cm de tirant d'eau, nous devrions passer "sans problème" mais ce n'est jamais très rassurant de voir le sondeur afficher 70-80cm (sous la semelle), alors que des écueils tout proche sont noyés dans l'écume des déferlantes.  Au fur et à mesure qu'on avance dans le chenal, notre rythme cardiaque est inversement proportionnel à la profondeur. Lorsque le sondeur finit par afficher 80cm, on hésite à continuer d'autant plus qu'en cas de pépin on fera difficilement demi-tour vu l'étroitesse de la passe.

Notre malheureuse expérience du fleuve Saloum remonte de notre mémoire. Passera-passera pas et si le guide a fait une erreur.

Finalement, à force d'hésiter à continuer on finit par être dans le port de Grande Anse, seuls. OUF !

On mouille et au dodo jusqu'à midi pour récupérer de notre nuit de quarts.

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Description de l'entrée du port de Grande Anse

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Notre petit 4x4

L'intérêt de la Désirade, c'est qu'aucun voilier n'y va, ou presque. Depuis la Guadeloupe, il faut remonter l'alizé (c'te galère !) et la passe interdit l'entrée à bon nombre de bateaux.

L'après-midi, nous faisons à pied le tour du bourg et le lendemain nous louons un petit 4x4 pour faire le tour de l'île.

L'île, toute en longueur (5km sur 1,5), est parcourue d'est en ouest par un plateau rocheux à environ 200m mètres d'altitude. Une piste traverse le plateau puis rejoint l'unique route reliant Grande Anse à Mahault, l'autre bourg à l'Est de l'île.

Le plateau est très aride et la végétation y est rare. C'est inhabitable. Les seuls champs que l'on trouve sont des champs d'éoliennes. Une trentaine fournisse l'électricité à l'île. Seule une étroite portion de littoral, entre mer et plateau, est habitable.

Le tour de l'île par la piste puis la route ne prend qu'une heure à allure normale mais certains touristes, rares, font la course dans leur 4x4 pour essayer de battre le record : 25min. Ils fond le tour pied au plancher de leur petit suzuki santana.

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Vue du plateau et pointe Est de la Désirade

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Vue du plateau sur les fonds de la Désirade

Parfois la voiture se venge des maltraitances en coulant une bielle, en cassant la boite de vitesse ou en crevant. Ces fous du volants se retrouvent alors à faire du stop pour aller chercher la dépanneuse. On en a croisé au bord de la piste, leur jouet cassé, malheureux mais nullement culpabilisés par leurs excès...
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Plage de la Désirade

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Plage de la Désirade

L'île est restée très authentique car elle est restée isolée. L'ambiance est nonchalante, les divertissements rares et c'est un endroit idéal pour une cure de repos. Les habitants sont en grande majorité métis très pâles. Le plus surprenant sont les blancs de souche parlant avec un accent créole à couper au couteau. Au début cela surprend, on croit à un gag. "Alo' ma ché'ie, comment tu t'ouves la Dési'ade ? "

Les plages sont magnifiques et désertes : sable blanc, eau turquoise, cocotiers photogéniques ! On a bien aimé, ça change des antilles surpeuplées.

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Petite chapelle sur la route montant au plateau

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Plage de la Désirade

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ANTIGUA

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Jeudi 9 Mai 2002

La Désirade - Antigua (Nonsuch bay)

Distance : 62MN

4h30 : lever au carillon du réveil, GRRR.

Pour être sûr de parcourir de jour les 60MN nous séparant d'Antigua, nous devons partir avec les premières lueurs du jour.

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lev-sol.jpg (9471 octets) La sortie du port se passe plus sereinement que l'entrée même si les vagues brisent de part et d'autre. Nous longeons la côte sud de la Désirade, vent arrière sous GV seule. A la pointe de l'île, nous empannons puis déroulons le génois, petit-largue. Madeo file à 6nds. Direction Nonsuch Bay sur la côte Est d'Antigua. Carpe Diem, mes amis !
 

Qu'il est agréable de retrouver une allure de portant, d'épouser les vagues au lieu de taper dedans !

En fin de matinée, les nuages laissent place à un beau ciel limpide. La mer prend une couleur bleu marine comme lors de notre transat'. Le vent mollissant un peu, on - ou plutôt Ronan - envoie toute la grand-voile.

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C'est un vrai plaisir de naviguer. Nous retrouvons les conditions de navigation qui font que la voile sous les tropiques devient un bonheur difficile à décrire. La dernière fois c'était au Vénéz', en octobre 2001.

Le régul' tenant son cap au degré prêt, nous sommes vautrés dans le cockpit et profitons pleinement de ces conditions fabuleuses.

Antigua se dessine peu à peu sur l'horizon. Les éléments étant au top, nous faisons une arrivée à la voile dans cette vaste baie et à 17h, l'ancre est posée tranquillement sur le fond. 62MN en 12h ! C'est cool !!

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6 mois de grossesse, cela commence à se voir

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Notre mouillage à Non Such Bay

Nous sommes à l'entrée de la baie de Non Such Bay, derrière une petite île faisant barrière au vent et à la mer. Ce mouillage s'annonce bien sympathique bien qu'il y ait déjà 4 voiliers. On ne peut pas toujours être seuls, surtout dans ces îles antillaises.

Finalement, la pêche ne donne rien malgré les recommandations de Christophe de la Grande Ourse qui avait fait un carton de langoustes .

Notre prochaine étape initialement prévue était Barbuda, mais après mûre réflexion et surtout après consultation du guide nautique, nous changeons d'avis car la pêche y est interdite. Nous optons donc pour St.Kitts. Cette île est à l'ouest d'Antigua. Il nous faut donc contourner entièrement Antigua par le sud avant d'aller sur St.Kitts.

 

Dimanche 12 Mai 2002

Nonsuch bay - Falmouth (côte sud d'Antigua)

Distance : 11MN

Navigation très agréable au vent arrière. "quel confort, mais quel confort". En longeant la côte, nous admirons les belles demeures accrochées au flan des pentes.

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Nos escales sur Antigua

Falmouth est un port de luxe. Nous préférons laisser Madeo au mouillage. D'une part pour ne pas payer des frais de port, ensuite pour ne pas se faire remarquer car nous ne faisons pas de clearance. falmouth.jpg (15738 octets)
"On ne va pas s'embêter avec de la paperasserie ni payer les taxes douanières pour les 24h que l'on compte rester sur l'île".

Si jamais on se fait contrôler, on revendiquera notre droit à  s'arreter 48h pour se reposer. Mon état de femme enceinte devant aider à amadouer les douaniers.

harbour5.jpg (21329 octets) En presque catimini, nous mettons donc le pied à terre pour aller visiter English Harbour. Là se trouvent le port et l'arsenal construits entre 1725 et 1746 par l'amiral Nelson. L'endroit est superbe de part l'architecture entièrement restaurée et les jardins de style très british.
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Lundi 13 Mai 2002

Falmouth - Five Islands (côte ouest d'Antigua)

Distance : 13MN

Avant de nous élancer vers St.Kitts, nous faisons une ultime escale sur la côte ouest d'Antigua à Five islands. La navigation est agréable et variée puisque nous faisons un quart de tour de l'île. Partis au vent arrière, nous finissons au travers.

L'après-midi, je profite de la plage pendant que Ronan va faire une ballade.

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St. KITTS

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Mardi 14 Mai 2002

Antigua (Five Island) - St Kitts (The Narrows)

Distance : 45MN

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On part vent arrière sous 10 nds de vent d'Est. Le temps est nuageux. Malgré le roulis, on apprécie grandement cette navigation au portant qui nous fait surfer sur les vagues. Dans ces conditions "faciles", on se paye le luxe de naviguer en musique, chose que l'on fait extrêmement rarement afin d'être à l'écoute de Madeo. Chaque bruit est significatif de la bonne ou mauvaise marche du bateau.

"Musique Maestro" : Pierpoljac et son "reggae de chez nous" nous accompagne vers St.Kitts.

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Nevis en arrière plan

Nous prévoyons de mouiller au sud de l'île, sur la côte sous le vent, au niveau du chenal séparant St.Kitts de Nevis.

Vers 14h, le vent mollit, Ronan envoie donc toute la grand-voile et abat un peu. Au grand largue, on fonce à 6nds.

A 16h, on repasse vent arrière et pénétrons dans "the narrow", le chenal entre St.Kitts et Nevis. L'endroit est rendu plutôt malsain par la présence de nombreux haut-fonds non balisés. Notre guide les indique mais le repérage est plutôt difficile et la rapide avancée plutôt angoissante car le sondeur indique de moins en mois d'eau, 6-5m, sans parler des courants violents qui balayent le détroit. Malgré cela, on se lâche et nous faisons une arrivée à la voile (rappelons à ceux pour qui une arrivée à la voile s'impose systématiquement et qui pourrait sourire que Madeo étant à la fois notre bateau, notre maison, notre outil de voyage et notre ami intime, et que de surcroît nous n'avons pas pu l'assurer, on ne prend jamais aucun risque).

On mouille par 2m50 sur un fond d'herbier très dru. L'eau est cristalline bien qu'un peu verte à cause des posidonies. Mais posidonies riment avec lambis car ces algues sont un bon habitat pour ce coquillage...

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St Kitts

Vérification faite je dois plutôt écrire "l'endroit devait être un bon habitat pour les lambis" !! En effet, vu les centaines de coquilles vides gisantes sur le fond, on est en droit de penser que des pêcheurs sont passés par là bien avant nous et ont tout raflé. Mauvaise gestion de la ressource, une fois de plus... Ronan se rattrape sur la langouste qui peuple largement l'endroit et ma foi, ça n'est pas une punition...

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St. BARTHELEMY

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Vendredi 17 Mai 2002

St.Kitts (The Narrows) - St Barth'

Distance : 45MN

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8h30, l'alizé est costaud : 25nds. Pour contourner par l'est la pointe sud de l'île, nous devons nous appuyer du moteur, alizé et vagues en pleine poire. La remontée est très pénible pendant une demi-heure. Puis on met le cap au Nord sur St.Barth'. Le vent passe au travers. Le génois déroulé et un ris dans la grand-voile (légèrement surtoilé), nous fonçons à 7-8nds. La vitesse nous grise et les milles défilent sur le GPS. A ce rythme, St.Barth' apparaît à 11h et grossit à vue d'oeil si bien qu'à 14h30 nous affalons les voiles devant Gustavia.

6 heures pour faire 45Mn, soit 7nds de moyenne. Bravo Madeo et merci pour cette superbe nav' qui était NOTRE dernière nav' digne de ce nom.

On fait juste quelques emplettes au supermarché du port qui pratique des prix scandaleusement élevés (tellement élevés qu'ils ne figurent même pas sur les articles...) puis on repart à 5Mn de là, dans la baie de Colomier au nord de l'île. Joli mouillage bien que très fréquenté et assez venteux.

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St. MARTIN

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Dimanche 19 Mai 2002

St.Barth' - Tintamarre - Marigot (St.Martin)

Distance : 15MN

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La dernière navigation du voyage est à l’avenant des trois dernières, exaltante. Ce mois de mai particulièrement venteux pour une fin de saison alizéenne fait galoper Madeo une dernière fois sur les quinze milles qui sépare Saint Barth’ de Saint Martin. Maintenant Madeo au-dessus des sept nœuds, Ronan barre pendant les deux heures de voile, tout à l’allégresse de finir en beauté ce voyage. Lorsque l’ancre immobilise la coque face au front de mer de Marigot, la capitale de Saint Martin, ce n’est ni un déchirement ni un cri de joie. Nous éprouvons sans excès la satisfaction d’avoir mené à bien ce voyage, d’avoir réalisé notre rêve et d’avoir vécu heureux. Il est certes trop tôt pour être nostalgiques mais la perspective d’avoir un bébé et de changer de vie est suffisamment excitante en soi-même pour que la fin de ce voyage ne résonne pas dans nos esprits comme la fin d’une époque bénie. Le fait de rebondir vers un nouveau chapitre prometteur agit comme un baume apaisant sur d’éventuels états d’âme liés à la fin d’un beau voyage.

Nous jetons l'ancre pour la dernière fois de ce voyage puisque nous rentrons en France en avion. Moi, à 7 mois de grossesse, il ne serait pas raisonnable de prendre la mer pour une traversée d'au moins un mois (sans escale). Quand à Ronan, il ne veut pas prendre le risque de ne pas être là le jour J si par hasard j'accouchais en avance.

La prochaine fois que Madeo reprendra la mer, ce sera donc notre ami Philippe qui sera à la barre. Ayant navigué à bord avec sa famille pendant 3 ans, il connaît parfaitement le bateau et est donc le meilleur skipper pour le ramener en Bretagne. De plus, c'est pour lui l'occasion de boucler la grande boucle de son tour du monde. En effet, ayant acheté le bateau aux Antilles pour ensuite mettre le cap à l'ouest vers le pacifique, l'océan indien et la mer méditéranéen, il n'a jamais traversé l'atlantique.

Notre avion décolle dans 10 jours, c'est donc le temps qu'il nous reste pour préparer le bateau pour Philippe, le briefer sur les équipements que l'on a rajouté et préparer nos bagages. Les miens seront plutôt succincts vu que je ne rentre plus dans rien !

Le 28 mai, c'est donc non sans une certaine émotion que nous quittons Philippe, sa petite famille et Madeo pour leur donner rendez-vous dans un mois et demi en Bretagne à Morgat. Bon vent !!

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La suite : Épilogue