De République Dominicaine à St. Martin
 

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Echelle : <----------> 50 milles

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Mardi 12 - Mercredi 13 Février 2002

République Dominicaine (île de Saona) - Isla Mona

Distance : 50MN

La vraie progression vers l'Est, vers St Martin, commence. Je peux d'ores et déjà vous dire que cela ne fut pas une sinécure. Quelle galère !

Nous partons en milieu d'après-midi de Saona pour attaquer le canal de Mona, 100 milles de mer séparant la République Dominicaine de Porto Rico. Le vent comme prévu souffle de l'Est à 20 noeuds et donc dans notre nez.

Nous tirons un premier bord au SE. Nous parcourons 40MN en 8h, 5 honorables noeuds de moyenne au prés serré. Le deuxième bord est une douche froide car nous faisons route au.... NORD. Ce qui serait, ma foi, très bien si on voulait aller aux Bahamas. Par contre, pour Porto Rico, il y a comme un problème !

"Mon pauvre Madeo, le prés et toi, ça fait deux "

Au bout de 8h sur ce 2ème bord, nous ne sommes qu'à la hauteur de l'île de Mona, au milieu du chenal. En clair, cela veut dire que nous naviguons depuis 16h, que nous avons parcouru 102MN au compteur alors qu'en ligne droite nous n'avons parcouru que 35 misérables milles depuis Saona. " Arhhhh la haine ! ". D'autant que les conditions de mer sont les plus difficiles : gîte à 30 degrés, coque tapant dans une mer hachée. Dans le jargon de la voile, on appelle ça "planter des pieux" !

Il est 7 heure du mat'. On en a marre. La fatigue dûe à une nuit quasi-blanche et le dégout de notre désastreuse progression nous font appeller la brise Volvo à la rescousse pour remonter face au vent vers Isla Mona, à 15MN de là. C'est très pénible mais au moins on avance. A 10h, nous mouillons face à la côte Ouest de Mona dans une eau cristalline. Quelques heures de repos nous feront du bien avant de poursuivre vers Porto Rico.

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Isla Mona

Isla Mona est une minuscule île militaire appartenant à Porto Rico et donc aux Américains. Le paysage est relativement aride contrastant avec sa grande voisine espagnole si luxuriante.

En palmes, masque, tuba, Ronan ne résiste pas à mettre son nez dans l'eau qui s'avère très poissonneuse. Il faut dire que la chasse et la pêche sont interdites, Mona étant une réserve absolue depuis des décennies. Aucun pêcheur, aucun plongeur n'est venue dans ces parages depuis des lustres. Des quantités incroyables de poissons quasi-apprivoisés n'ayant jamais vu l'homme viennent lui tourner autour. Une ballade inoubliable dans ce sanctuaire des tropiques.

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PORTO RICO

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Mercredi 13 - Jeudi 14 Février 2002

Isla Mona - Porto Rico (Cayos Gorda)

Distance : 100MN

A 15h, nous repartons vers Porto Rico. Nous débordons l'île de Mona par la côte Nord. L'alizé d'Est ayant un peu faibli, nous poussons le moteur pour gagner le plus de milles. La traversée de cette seconde moitié du chenal de Mona ne se passe pas trop mal puisqu'à minuit nous ne sommes plus qu'à 10MN des côtes Portoricaines. Malheureusement, une arrivée de nuit n'est pas conseillée. Surtout quand on a pas de carte ! mona2.jpg (11127 octets)

Côte Nord d'Isla Mona

En effet, cette île n'était pas prévu dans notre parcours initial et en plus nous n'avons pas rencontré d'équipage la possédant.

Que faire ? Si près du but.

  • Poursuivre la remontée vers l'Est : impossible. Que cela soit au moteur car le vent à forci ou à la voile puisque nous avons le vent dans le pif (Madeo est un excellent bateau à toutes les allures sauf au prés serré, dériveur oblige). Nous comptions sur une brise thermique de NE générée par l'île la nuit mais l'alizé refuse de céder sa place. "Égoïste va ! "
  • Se mettre à la cape en attendant que le jour se lève (dans 6h). Nous essayons mais nous dérivons vers le S0 à 2nds. La perte de distance est trop importante.
  • Tirer des bords pour attendre la lumière du petit matin. Adjugé. C'est parti pour les zigzags avec GV à deux ris et génois peu sorti : 3 heures vers le SO, 3 heures vers la côte que nous atteignons au levé du jour.

" Oh non, c'est pas possible" . Les deux pauvres zombis que nous sommes - après une deuxième nuit quasiment blanche - constatent que la côte immédiate n'offre aucun abri, bien que hérissée de sales récifs à fleur d'eau.

" C'est pas juste. On a poireauté toute la nuit pour rien "

Cette fois, il ne nous reste plus qu'à poursuivre plus à l'Est, vers un mouillage que l'on nous a recommandé. Encore 15MN face à un alizé en super-forme (25nds claques à 30) et une mer bien creusée dans laquelle cogne l'étrave de Madeo. Malgré le moteur poussé à quasi-plein régime, nous n'avançons qu'à 3nds. Nonobstant l'inconfort, j'arrive quand même à dormir 2 heures. Les premières en 48h, ce qui n'est pas terrible pour une femme dans mon état. Mon petit passager clandestin est vraiment adorable de supporter le rythme infernal que je lui impose sans broncher (pas de nausée, pas de vomissement, aucun malaise).

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Cayos Gorda (Porto Rico)

A midi, nous mouillons ENFIN à l'abri de la mer et du vent. " Huumm, ce calme, trop bon !".

L'après-midi, nous faisons une sieste de taille XXL pour rattraper notre manque de sommeil. Nous restons sur place 24h pour reprendre notre souffle et pour voir si oui ou non il y a une brise thermique de NE la nuit.

" Niet. Pas de brise la nuit ". Merci les Instructions Nautiques qui nous ont laissé espérer de gentilles petites nav' de nuit. " GGGRRR ! "

A défaut de brise de NE, nous devrons profiter du relâchement de l'alizé en fin de nuit pour remonter vers l'Est par saut de puce.

Samedi 16 Février 2002

Cayos Gorda (Porto Rico) - Ponce (Porto Rico)

Distance : 15MN

Dimanche 17 Février 2002

Ponce (Porto Rico) - Salinas (Porto Rico)

Distance : 20MN

5h30. "DRRIINGGG". Debout à bord. Il faut y aller. C'est l'heure où Éole est encore calme "

Premier saut de puce réussi. 3h30 de moteur pour rejoindre un mouillage sauvage, calme et désert à 2MN à l'Est de Ponce.

Saut de puce bis repetita.

4h de moteur pour arriver en face d'une petite marina.  Ronan fait du dinghy-stop pour aller à terre - discrètement - voir s'il y a des prévisions météo. Le navigateur british qui l'emmène lui dit que la météo annonce un vent de SSE pour demain suite à une dépression qui terrasse l'alizé mais dont le retour est annoncé en fanfare pour le mardi.

"Un vent de sud ! C'est inespéré pour tailler à l'Est. Quelle chance. On ne peut pas la laisser passer "  Aussi, malgré notre fatigue, nous levons l'ancre en fin d'après-midi.

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ILES VIERGES ANGLAISES (BVI)

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Dimanche 17 - Lundi 18 Février 2002

Salinas (Porto Rico) - Norman Island (Iles vierges US)

Distance : 103MN

Nous longeons le dernier quart de la côte Sud de Porto Rico. La mer est un peu agitée mais le vent faible. Nous progressons au moteur.

A la nuit, aussi incroyable que cela puisse paraître, le vent tombe complètement et la mer se lisse. A 2500tr/min, nous fendons les flots, trop heureux de tailler de l'Est aussi facilement. Les quarts se succèdent dans le ron-ron du moteur.

  • Minuit : nous passons à 5MN au sud de l'île de Viéquès (appartenant à Porto Rico).
  • Au petit matin, c'est St Thomas (l'une des 3 Iles Vierges US) qui est dans notre travers bâbord.
  • A 8h, le moteur toussote. " Pitié, pas de panne ". Bon, finalement ce n'est pas grave,  juste un besoin de carburant. Je siphonne 20l et c'est reparti mais quelle consommation !
  • A 11h, nous mouillons à Norman Island (l'une des 4 Iles Vierges britaniques). Nous avons fait un bon de géant vers l'Est. " YOUPI ! "
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Lever de soleil sur une mer d'huile

Autour de nous au mouillage, une cinquantaine de bateaux de location. Nous sommes dans le haut lieu du yachting. Il faut dire que l'archipel des îles vierges, américaines ou anglaises, forme une véritable ceinture dont le centre, le chenal de Francis Drake, offre le plus grand plan d'eau protegé des Caraïbes. Lieu idéal pour la plaisance d'apprentis navigateurs.
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Iles Vierges Anglaises

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Iles Vierges Anglaises

Mardi 19 Février 2002

Norman Island (Iles Vierges GB) - Virgin Gorda (Iles Vierges GB)

Distance : 25MN

Après une excellente nuit de sommeil, nous sommes de nouveau en forme pour le départ vers l'île la plus au nord de l'archipel, Virgin Gorda. Une fois là-haut, nous serons "au plus près" de St Martin et prêts à partir dès qu'une bonne fenêtre météo se présentera : vent de NE ou pétole (le guide nautique des antilles, le fameux "Patuelli", recommende une bonne fenêtre météo et une grand-voile bordée pour appuyer un moteur à fond. Sympa...).
Nous essayons de remonter à la voile le chenal de Francis Drake. Nos bords sont toujours aussi inefficaces et les voiliers de location - récents, légers, à la carène propre et taillée pour le prés - nous passent devant les uns après les autres. Les saluts amicaux ne nous empêchent pas de les maudir intérieurement. " Pas la peine de faire les malins !! " vierge4.jpg (8512 octets)

Iles Vierges Anglaises

Après 3 heures d'une progression laborieuse, nous faisons appel une fois de plus à la brise Volvo et traçons tout droit au milieu des plaisanciers nous ayant dépassé quelques heures plus tôt. Victoire sans gloire de Madeo, je vous l'accorde mais une grande satisfaction d'avoir changé le moteur pour un plus puissant avant de partir.

Nous mouillons face à une marina pour faire le plein de gasoil et de quelques provisions de bouche car notre stock de frais est à son niveau le plus bas après 6 jours sans avoir mis le pied à terre.

Autour de nous il y a encore du beau monde : Club Med II et un énorme yacht ayant son propre hélicoptère. " Oui monsieur ! "

C'est sous une pluie torrentielle que nous faisons nos courses et regagnons Madeo. Comble de malchance le mouillage est extrêmement rouleur. Trop rouleur. Malgré le raz-le-bol mais tenant trop à notre confort, nous repartons vers le "Sound", sorte de lagune à 5MN dans le NE.

Après tout, qu'est ce que 5MN ?...Eh bien si on avait su, on serait resté à Norman Island.

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Virgin Gorda

Le vent a forci, la mer s'est creusée et la pluie s'en mèle. " Quelle galère ! "

Bref, nous mettons une heure et demi pour remonter la côte - moteur à fond car nous avons le vent de face -, contourner la pointe nord et mouiller dans la première crique venue. On est lessivé.

Au final, les îles vierges sont belles, rescellant des centaines de mouillages mais la surpopulation de bateaux et un coût de la vie faramineux font que nous n'avons pas vraiment apprécié. Il faut dire que nous venions de une année et demie de voyage dans des endroits sauvages, fréquentés par les pêcheurs ou les voiliers de voyage. 

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SAINT MARTIN

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23 Février 2002

Virgin Gorda (Iles Vierges GB) - St Martin (Baie de Marigot)

Distance : 78MN

Virgin Gorda et St Martin sont séparées par le canal d'Anegada, que les americains appellent le "Oh my god passage !!". C'est dire la partie de plaisir qui nous attend. Le cap est toujours contre l'alizé avec en plus la houle de l'atlantique qui s'y engouffre... " Allez courage, let's go. Plus que 75MN ".

Nous levons l'ancre à 15h après trois jours d'attente météo dans cette antre pour plaisanciers friqués. Le soleil brille, le vent est modéré mais est, bien évidement, d'Est. Nous avançons donc ... au moteur, à 2500tr (c'est pas bon pour la conso' de gasoil). La progression est toujours aussi pénible "because of the" étrave qui tape dans les vagues. " Dire qu'il y en a pour, au moins, 16h ! "

La nuit passe, interminable puis, au petit matin, " Terre, TERRE ". On dance et chante sur le pont de Madeo car on est ENFIN ARRIVE et surtout on en a fini avec cette remontée vers l'Est qui fut vraiment très très Ch..., laborieuse. 10 jours pour parcourir 400 milles, on a fait mieux...

Nous mouillons à coté de nos amis de Mata Hiva qui nous invitent pour un petit déjeuner bien mérité. " Humm, la bonne baguette !"

Plus tard, dans la matinée, nous aurons la grosse surprise de voir débarquer Philippe, l'ex-proprio' de Madeo. Lui et toute sa petite famille travaillent à St Martin et vivent sur un bateau mouillé non loin de nous.

De belles soirées en perspective...

 

23 Février - 11 Mars 2002

SAINT MARTIN (Marigot)

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Marigot

 

Saint Martin est l’île française la plus au Nord dans l’arc antillais. Elle appartient pour moitié à la Hollande. L'île est un peu vallonnée mais pas suffisamment haute pour arrêter les nuages et capter la pluie. Aussi la végétation est rase.

 

La capitale côté français est Marigot. Elle ressemble à une petite ville de province, propre et calme. Le centre ville regroupe de nombreuses boutiques plus ou moins chics. Mais le lieu branché de la ville reste la marina où s’alignent restaurants, bars et magasins de mode que notre budget restreint nous interdît de fréquenter. De toutes manières, les menus proposés par les restos ressemblent à ce que nous cuisinons à bord : fricassée de lambi, langouste grillée…, alors on a moins de regrets à ne pas sortir. marigot1.jpg (15904 octets)

Marigot

 

Ici, la vie de bateau est assez facile. Pour se sustenter et se distraire, les commerces et les bars sont nombreux et proches : 3 minutes de dinghy pour rejoindre le quai puis 5 à 15 minutes de marches pour aller au choix au supermarché, à la boulangerie, à la librairie ou encore boire un verre bien frais. Croissants frais le dimanche, lecture de "libé" pour Ronan, de "maman" ou "9 mois" pour moi, camembert et baguette à tous les repas, bref nous renouons avec plaisir avec la culture française après 1 an et demi d'absence.

Le soir on peut se promener sans crainte de se faire agresser, pour peu que l’on reste dans le secteur de la marina !

L’eau est propre pour pouvoir se baigner depuis le bateau. Par contre, il faut mouiller à l’extérieur du lagon plutôt qu’à l’intérieur où cela « pue »,, où il y a des moustiques et où l’on ne peut pas se baigner.

Seul gros hic : le coup de la vie. Tout étant importé de France ou de Guadeloupe, la nourriture est très chère.

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Apéro à bord de Madeo

Avec nos différents amis, les « mondanités » nautiques reprennent pour notre plus grande joie après presque 20 jours d’isolement depuis notre départ de la République Dominicaine.

- Qu'est-ce que vous faites là ?, on vous croyait en route vers Panama.
- On a changé de programme car je suis enceinte.
- Génial. On se voit ce soir à bord !

 

Toutes ces soirées piquées d’anecdotes, de rires et de nouvelles des uns et des autres ne nous font pas oublier notre objectif : la vente de Madeo, ce qui sous-entend son "relooking" : astiquage, réparations, peinture…Mais attention, on y va quand même molo. " Y a pas qu'le boulot dans la vie ! "

9 Mars 2002 : c'est mon anniversaire !! Trente et quelques années déjà et bientôt maman.

Cette année, mon skipper préféré me donne le choix entre souffler mes bougies à St Martin ou alors à St Barth'. " C'est c'la ouiiii ! J'hésiiite teeeellment !"

Finalement St Martin l'emporte car ici il y a nos amis alors on reste encore un peu. Mais pas trop car cela fait déjà 3 semaines que nous sommes là. Il est temps de songer à descendre sur la Guadeloupe où nous espérons avoir quelques « touches » pour la vente.

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Gâteau et cadeaux d'anniversaire

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La suite : De St Martin en Martinique