LE SÉNÉGAL PAR LES
PISTES |
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L'achat d'une vieille R21 nous permet de sortir du CVD et de sillonner les pistes africaines. Notre première échappée terrestre nous conduit à Saint Louis, à 250km au Nord de Dakar. Nous y allons avec nos amis du P'tit Morgat, navigateurs comme nous et voisins de mouillage. | |
SAINT LOUIS Dakar se trouve au bout d'une presqu'île et est desservie par une unique route jusqu'à Rufisque, jonction entre les différentes pistes venant de tout le Sénégal. Les embouteillages pour quitter la presqu'île sont dignes de ceux du périph' aux heures de pointes. C'est l'unique comparaison que l'on puisse faire car la conduite et l'environnement sont radicalement différents. La première ressemble étrangement à une partie de GAME BOY dont le but est d'arriver à destination sans accroc, le parcours étant truffé de nombreux pièges du type : nids de poule, piétons traversant la route au dernier moment, femmes avec enfants marchants sur le bas côté, charrettes zigzagantes, camions antédiluviens dangereusement bancals, bus barriolés avec des chargements en échafaudage risquant de verser à tout moment et enfin taxis-brousse où s'entassent hommes et bagages. Pour le décor, on suit une route jalonnée de ferrailleurs, pépiniéristes, étalages de fruits, boui-bouis, marchands de matelas, de tissus, de bidons. Les bas-côtés sont dignes d'une décharge où le plastique est roi. La pollution, les odeurs et le soleil nous liquéfiant nous rappellent que nous ne sommes pas dans un jeu mais bien sur une route dans un pays pas encore préoccupé par la protection de l'environnement mais plutôt par toutes les solutions permettant de gagner de quoi se nourrir. Notre retour aux transports routiers après plusieurs mois de transport maritime est donc bien pittoresque.
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Après Rufisque, le trafic diminue, la route s'améliore et la savane apparaît. Le trajet s'effectue sans problème jusqu'à 25km de l'arrivée où tous les voyants du tableau de bord se mettent au rouge. Nous nous arrêtons en catastrophe sous un arbre à la sortie d'un village. Et là il est clair que "ça chauffe dur sous le capot" vu la fumée qui en sort. Notre arrêt attire les villageois et une commission d'examen se forme rapidement afin d'identifier le problème. Cela palabre dur au bord du bitume ! Finalement, il apparaît qu'on a "pété une durite". AH quelle poisse ! Si près du but ! Comme évidemment il n'y a ni garagiste dans le village, ni meule, ni troquet d'ailleurs, il nous faut arrêter un des rares véhicules qui passent et se faire remorquer jusqu'à St Louis pour réparer. Allah devant avoir pitié de nous autres petits blancs, notre salut vient rapidement d'un représentant Coca qui non seulement nous tracte jusqu'à St Louis mais qui en plus nous conduit chez son garagiste attitré et reste avec nous pour surveiller la réparation. Un saint homme ! A 6 heures, tout est rentré dans l'ordre, nous sommes à l'hôtel, au bord du fleuve Sénégal et savourons des boissons fraîches. Enfin !
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St Louis est une ancienne ville coloniale bâtie sur une île au milieu du
fleuve Sénégal. On y accède par le pont Faidherbe construit en 1897 par notre Eiffel
national. Il est fort ce Gustave ! |
Après la saleté et l'agressivité régnant à Dakar, nous
sommes agréablement surpris par le calme et la propreté des rues. Ici, les bana-banas (
vendeurs de rue excessivement entreprenants) nous laissent tranquille et personne ne nous
colle pour essayer de nous vendre des babioles. Malgré le délabrement des édifices, la ville a beaucoup de charmes. Les façades pastelles décrépies, les balcons en fer forgé, le grandes portes-fenêtres sont autant de signes d'une grandeur passée qui nous laisse songeurs (en effet, à quel prix ont-elles été bâties...).
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Anciennes maisons coloniales | |
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![]() L'île sous le coucher du soleil |
![]() Une classe primaire |
L'autre coté de l'île donne sur la Langue de Barbarie. C'est une bande de terre de 18 km de long pour à peine 200m de large séparant le fleuve de l'Atlantique. | |
Au niveau de St Louis, la Langue abrite un village de pêcheurs
à l'allure de bidonville. Les casmates sont des cubes en parpaings. Les rues en terre
grouillent de gamins à moitié nus. La densité est telle qu'on doit littéralement
fendre la foule avec notre voiture pour avancer.
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![]() La rue principale du village de pêcheurs |
![]() Le poisson sèche sur des tréteaux. Bonjour l'odeur ! |
On n'est pas très à l'aise, peinés par la pauvreté et la misère
ambiantes que la sur-population ne fait qu'accentuer.
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![]() Scène de rue |
A notre gauche, le fleuve - boueux et calme - à notre droite, la plage - parcourue d'embruns et d'énormes rouleaux. Devant, la piste et qui dit piste dit ensablement ! Une galère de plus, une ! La voiture, à la garde très basse, est littéralement posée sur la bande entre les 2 ornières. - Bon, ben y'a plus qu'à creuser ! On évacue le sable comme on peut, on soulève la voiture au crick pour glisser des pierres sous les roues, petite marche avant, grande marche arrière, - POUSSEZ !! ...On recule d'un metre. Il en reste 3 pour retrouver la terre dure. On recommence. Un sénégalais passant par là est immédiatement recruté. |
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Finalement, cela nous prend 2 heures pour s'en sortir. Couverts de sable, hirsutes, transpirants, nous plongeons dans la mer toute proche pour reprendre figure humaine et pouvoir apprécier la grandeur du décor. |
C'est impressionnant de se dire que la plage sur laquelle nous sommes descend depuis les cotes marocaines via la Mauritanie. Le retour sur Dakar se passe sans histoire et nous sommes enchantés de nos 2 jours à St Louis. Nous y retournerons d'ailleurs avec les parents de Ronan mais cette fois nous dormirons sur la langue de Barbarie, dans des camps d'inspiration Maures. Nous en profiterons pour visiter le Parc National du Djoudj, troisième réserve ornithologique au monde. La visite, bien que chère et très touristique, nous a émerveillé et permis d'approcher des centaines de pélicans, des phacochères, des crocodiles, des aigrettes et des hérons. |
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LAC ROSE Le lac Retba est une visite obligée quand on est à Dakar. A 45km de la capitale, le lac est plus connu sous le nom de Lac Rose. Sa couleur rose est indéniable lorsque le soleil brille et qu'il n'y a pas de nuage. Cette coloration est due à une algue microscopique qui oxyde le fer contenu dans l'eau. L'autre particularité du lac est son incroyable salinité, la même que la mer morte. Les touristes s'amusent à y flotter comme des bouchons pendant que plus loin des ouvriers sont debouts dans l'eau (ils s'enduisent de beurre de karité pour se protéger du sel) et grattent la couche de sel au fond du lac. |
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![]() 2 femmes déchargeant une barque
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Ils remplissent des seaux qu'ils vident ensuite dans des barques. Ces barques, pouvant contenir jusqu'à une tonne de sel, sont déchargées par les femmes. Elles l'emportent sur leur tête dans des paniers de 15kg. |
![]() L'équipement des gratteurs : barque, paniers, pioche |
![]() Les tas de sel |
Ce travail est d'autant plus inhumain que, outre les heures passées dans la saumure, il est très mal rémunéré. En effet, le sel est revendu 2 francs les 50Kg. A raison de 2 barques par jour, cela fait un salaire journalier de 40 fs. Une misère ! Les forçats du XXI siècle sont sous nos yeux et, au fur et à mesure de nos visites, nous avons de plus en plus de mal à supporter ces scènes à la Émile ZOLA. NO COMMENT !... Nous préférons l'ambiance plus gaie de Kayar à une dizaine de kilomètres de là. |
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KAYAR Kayar est un grand port de pêche à 60 km au Nord de Dakar. Le terme de port est un peu exagéré puisqu'il n'y a pas d'infrastructure. Les grandes pirogues sont mouillées à 200m de la plage, au delà de la barrière de rouleaux. Les pêcheurs reviennent à terre dans de petites embarcations se faufilant dans la petite passe sans déferlante et arrivent directement sur la plage sans une éclaboussure. Quelle dextérité ! Nous, avec notre annexe, dans la même situation, on se serait fait copieusement saucer !
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![]() Les petites pirogues s'alignent sur la plage sur près d'un kilomètre. |
![]() Les poissons sont déchargés directement sur le sable puis vendus à la criée. |
![]() Un beau thon |
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La suite : Le CAP VERT |